Regarder aveuglément les écrans n'est pas sans risques

Mon corpsGerard de Bruijn

Vers 1996, Internet est devenu accessible au grand public. Depuis lors, ce phénomène a connu une croissance incroyable et occupe aujourd’hui une part importante dans notre vie quotidienne. Cette percée technologique fulgurante s'est également traduite par une multiplication du nombre d'écrans. D’abord les premiers écrans d'ordinateur, suivis des téléphone portables, smartphones et de la télévision connectée. Avec le succès d'Internet, le temps que nous passons à regarder les écrans a lui aussi explosé. Toutes les informations provenant du Web mondial et des médias sociaux sont accueillies avec engouement. Mais fixer les écrans en mode prolongé a également des effets néfastes, entre autres, sur votre santé. Y avez-vous déjà pensé ?

11 heures d'écran par jour

Les écrans sont devenus un élément incontournable de notre quotidien. Que ce soit par nécessité, envie de rester connectés aux autres ou par simple ennui, dès que nous arrêtons de regarder un écran, nos yeux se posent automatiquement sur un autre. Et si vous essayez d’additionner toutes les heures passées devant un écran, vous verrez que vous êtes bien loin du total imaginé !

Combien d’heures avez-vous passé au travail devant votre ordinateur ? Certainement la journée entière. Et lors de votre pause déjeuner… étiez-vous à scruter votre smartphone pour jeter un œil à vos e-mails et aux dernières news sur les réseaux sociaux ? Sans compter, en soirée, la nouvelle série télévisée que vous ne vouliez surtout pas manquer !

Vous pourriez être choqué d'apprendre combien d’heures vous passer devant un écran chaque jour. Une étude de Nielsen (2018) montre que les adultes passent en moyenne 11 heures devant un écran. Un mélange d'ordinateurs, de téléphones portables et de télévision. Cette même étude met en évidence que les jeunes y consacrent presque autant de temps. Les enfants entre 6 et 12 ans passent environ 6 heures devant un écran. Les experts avancent que cela peut avoir des conséquences importantes sur le développement de leur cerveau.

Il est indéniable que l'ère de l'information ‘à tout prix’ a radicalement et rapidement changé nos modes de vie. Le monde est plus connecté que jamais. Mais n’est-ce pas au détriment de notre santé ? La réponse est : oui.

Une surcharge d’informations

La génération actuelle d'adultes doit traiter cinq fois plus d'informations qu'il y a 50 ans. Cela ne signifie pas que nous devenons plus intelligents, bien au contraire. En 2018, plusieurs Instituts Nationaux pour la santé ont mené une vaste étude dans 21 pays. La conclusion est que travailler avec des écrans a un impact sur notre santé cognitive et que l'excès d'informations chez l'adulte entraîne une sorte de fatigue mentale. Qu'est-ce que cela signifie précisément ?

Notre cerveau peut traiter une certaine quantité d'informations à la fois. Lorsque cette limite est atteinte, il devient difficile de penser clairement ou même de prendre des décisions simples. Une situation que l’expert Richard Wurman qualifie ‘d’anxiété informationnelle’, à savoir : le fossé grandissant entre ce que nous comprenons vraiment et ce que nous pensons devoir comprendre ?

L'impact est particulièrement visible chez les jeunes qui grandissent avec des appareils connectés, des objets faisant partie intégrante de leur vie. Une étude menée en 2018 par l'Université de Montréal démontre que cela n'est pas sans conséquences. Ils ont établi un lien entre le temps passé par les jeunes sur divers écrans, comme les réseaux sociaux et les jeux vidéo, et les sentiments de dépression, d'anxiété et de solitude.

De plus, les appareils connectés peuvent changer la façon d'apprendre chez les jeunes enfants. La recherche des Instituts nationaux de la santé révèle également que lorsque de très jeunes enfants jouent sur une tablette, ils sont incapables de transposer ce qu'ils ont appris dans le monde réel. En d'autres termes, lorsqu'un enfant empile des blocs de LEGO de façon virtuelle, il devra recommencer l’apprentissage avec de vrais blocs, comme s’il voyait le jeu LEGO que pour la première fois.

Les effets de la lumière bleue

Les écrans des tablettes, ordinateurs, téléviseurs et de smartphones émettent une lumière bleue. L'œil humain n'est pas supposé passer des heures entières à regarder des écrans. Saviez-vous que cette lumière bleue se trouve dans la lumière solaire ? Et donc, lorsque le soleil se couche, l’exposition à la lumière bleue disparaît automatiquement. Mais, de nos jours, l'exposition à la lumière bleue ne s'arrête que lorsque nous nous endormons, après avoir posé nos tablettes, nos téléphones portables ou nos e-readers sur notre table de chevet.

En 2018, l’institut national pour la santé et l’environnement aux Pays-Bas (RIVM) en collaboration avec le centre médical d'Amsterdam - le ‘Netherlands Brain Institute and Lifelines’ - a étudié l'utilisation des écrans. La conclusion est claire :

  • L'utilisation est la plus élevée chez les adultes et la tranche d’âge 13-18 ans
  •  Avec une utilisation en soirée, il entraîne 40 minutes de sommeil en moins
  • 22% des enfants de 8 à 13 ans utilisent quotidiennement un écran le soir
  • 83% des adolescents de 13 à 18 ans utilisent quotidiennement un écran le soir

En 2014, l'Université Harvard de Boston a démontré que la lecture sur un e-reader le soir réduit la production de mélatonine de 55% par rapport à un livre imprimé sur papier. La mélatonine est une substance chimique essentielle qui nous aide à nous endormir. Mais notre cerveau en produit moins lorsqu'il est exposé à la lumière bleue. Ce qui engendre une nuit de sommeil plus courte. Et une bonne nuit de sommeil est importante pour pouvoir être à nouveau efficace au travail le lendemain.

Tout ce temps passé sur les écrans a des conséquences physiques sur nos yeux. Environ 60% des personnes qui travaillent quotidiennement sur des ordinateurs souffrent du "syndrôme de vision informatique" (SFC) et ses symptômes sont les suivants :

  • Yeux qui brûlent
  •  Yeux fatigués
  •  Maux de tête
  • Sommeil perturbé
  •  Vision double

En 2012, une étude de l'Université Harvard a démontré que cette exposition accrue à la lumière bleue a un impact qui dépasse celui des yeux. Une perturbation à long terme du rythme jour-nuit peut avoir des effets négatifs sur la santé, tels que l'embonpoint, les maladies cardiovasculaires et même le cancer du sein.

Limitez le temps passé sur les écrans

Internet nous a beaucoup apporté et le monde est plus proche que jamais. Nous envoyons des messages sur WhatsApp, allons sur Facebook et surfons comme jamais auparavant. Nous avons des contacts aux quatre coins du monde et, en un clic, vous vous faites des amis ou vous vous en séparez.

Nous avons accès à une mine d’informations en quelques secondes. Mais cela se traduit par une utilisation accrue des écrans, tels que les écrans d'ordinateur, les écrans de téléphone et la télévision connectée. Et ces nombreuses utilisations peuvent entraîner des problèmes de santé. Ne les sous-estimez pas et essayez de limiter le temps passé à regarder les écrans.

Conseils pour limiter le temps d’écran

Réduire le temps d’écran : comment y arriver ? De bonnes applications sont disponibles pour réduire le temps d’exposition. Elles vous imposeront une pause obligatoire.

Pomodoro-timers

Pour effectuer de courtes pauses, vous pouvez utiliser la technique Pomodoro, une méthode de gestion du temps qui consiste à travailler par blocs de 25 minutes, suivies de 5 minutes de pause. Il vous est difficile de respecter les temps ? Ils existent de nombreux minuteurs ou Pomodoro-timers pour vous y aider.

Breaktimer sur Chrome

Vous travaillez beaucoup avec Google Chrome ? L’appli « breaktimer » sera le disjoncteur parfait pour vous déconnecter. Elle vous dira de faire un « break » au bout de 28 minutes.

Applis sur smartphone 

Les applis ne manquent pas pour les smartphones. Vous avez un appareil Android ? Cherchez l’appli « sitting timer » et installez-la. Pour iOS, l’appli « Stand up ! The Work Breaker » est disponible.

En résumé : un tas d’applications pratiques, faciles à installer et utiliser. Mais ce qui fonctionne le mieux, c’est bien entendu votre motivation à vous écarter des écrans.

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